Alors que la ministre Nicole Belloubet affirme qu'"il faudra tirer toutes les conséquences de cette attaque", il faut se souvenir que les syndicats de surveillants dénoncent depuis des années l'insécurité quotidienne pour les équipes qui travaillent dans cet établissement qualifié d'ultra moderne.
Cette attaque terroriste du 5 mars 2019, dans la prison de Condé-sur-Sarthe intervient dans un contexte social tendu dans les établissements pénitentiaires français, quatorze mois après un mouvement de protestation sans précédent.
Ce conflit de trois semaines, le plus important depuis un quart de siècle, avait été lancé le 11 janvier 2018 après l'agression par un détenu djihadiste d'un surveillant à Vendin-le-Vieil, prison ultra-sécurisée du Pas-de-Calais. L'établissement jumeau de condé-sur-Sarthe, ouvert après lui, en 2015.
Il avait pris fin après la signature par l'Ufap-Unsa, alors principal syndicat de surveillants de prison, d'un accord avec le ministère de la Justice. Le 12 février dernier, une soixantaine de surveillants de Condé-sur-Sarthe formait un piquet de grève devant l'établissement et parlait de l'insécurité qui continue.
Condé sur sarthe : 110 détenus actuellement
La maison centrale de Condé-sur-Sarthe, inaugurée en 2012 a une capacité de 195 places. Elle accueille actuellement 110 détenus.
Des détenus médiatiques et ultra violents
Depuis son ouverture, il y a plus de six ans, les syndicats professionnels dénoncent leurs conditions de travail dans cet établissement conçu pour accueillir des détenus dangereux, dont les plus célèbre reste Tony Meilhon, le braqueur et roi de l’évasion, l'autre braqueur Christophe Khider, ou récemment Youssouf Fofana , du Gang des Barbares.Des agressions de surveillants à répétition
En 2016, un détenu a violemment agressé cinq surveillants avec une équerre métallique en une seule journée. Et à l'époque la direction de l'établissement comptabilisait déjà "une quarantaine d'agressions depuis son ouverture."
Près d'une agression par mois
Cette statistique est souvent relayée par les surveillants et leurs représentant syndicaux. Beaucoup d'incidents sont affaires courantes et ne font pas l'objet d"une couverture médiatique.
"Le taser permettrait d'avoir moins d'agressions et moins de blessés", affirmait l'an dernier, Emmanuel Baudin, délégué national de FO Pénitentiaire.
Souvent, ces agressions auront été reconnues comme préméditées. On a vu, par exemple, des détenus aiguiser leur brosse à dents pour transformer cet objet du quotidien en arme blanche.
Un quartier tout neuf pour détenus radicalisés
En septembre 2018, un quartier pour détenu radicalisé était créé après d'importants travaux. Au total, 25 surveillants et 5 gradés ont suivi une formation de quatre semaines. Dix autres surveillants sont prévus en remplacement. Il y a eu 18 recrutements spécifiques, précisait la direction à l'ouverture.
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Le détenu qui a agressé à l'arme blanche deux surveillants, ce 5 mars 2019, connu pour sa radicalisation ( depuis 2015 et une condamnation pour apologie du terrorisme) n'était pas dans cette unité. Il était plutôt calme, et pas fiché, jusque-là.